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juin 11, 2024

André Desvallées ou l’ADN d’ICOFOM (1931-2024)

André Desvallées ou l’ADN d’ICOFOM (1931-2024)

André Desvallées nous a quitté ce 5 juin dernier et c’est une page de l’histoire d’ICOFOM ou, plus généralement, de la muséologie qui se tourne. André faisait partie de la première génération rassemblée, autour de Jan Jelinek puis de Vinoš Sofka, pour développer la muséologie dans une perspective scientifique et résolument internationale, incluant tous les courants de pensée. Lorsque se forme l’ICOFOM, André qui avait été l’assistant de Georges Henri Rivière et avait coordonné le chantier des expositions (temporaires et permanentes) du musée national des Arts et Traditions populaires à Paris, travaille alors à l’inspection générale des musées classés et contrôlés, en charge des musées d’ethnographie. C’est dans ce contexte qu’il participe activement à la mise en place des premiers écomusées et organise leur financement, accompagnant concrètement nombre de ces expériences novatrices tout en veillant à leur théorisation (il dirigera également, quelques années plus tard, le Musée national des Techniques). On lui doit ainsi la notion de « nouvelle muséologie » (publiée dans un article pour l’Encylopædia Universalis), et surtout la remarquable anthologie Vagues, rassemblant les textes fondateurs de ce mouvement qu’il coordonne au début des années 1990. Il participe, d’emblée, à la création de la MNES (Muséologie nouvelle et Expérimentation sociale), en 1982, puis à celle du MINOM (Mouvement internationale pour une Nouvelle muséologie), deux ans plus tard.

Mais c’est à travers l’ICOFOM, qu’il rejoint à partir de 1980 (il rédige un article dans le premier numéro des Museological Working Papers) et pour lequel il va s’investir de manière continue pendant près de quarante années, qu’il développe sa propre vision de la muséologie, résolument internationale. C’est en effet à travers ce réseau qu’il découvre les muséologues de l’Est (notamment Zbynĕk Stránský dont on connaît l’influence pour notre comité), mais aussi les grands acteurs de la muséologie des Amériques (du Sud aussi bien que du Nord). Elu secrétaire du Comité dès 1980, il en devient Vice-Président à partir de 1983, puis est nommé Conseiller permanent en 2001. L’ICOM reconnaîtra l’importance de sa contribution en la matière en le nommant Membre d’honneur en 2013, l’ICOFOM publiant, à cette occasion, un numéro spécial des ICOFOM Study Series. C’est durant ces années qu’il développe une vision de la muséologie à la fois historique, théorique et sociale, fondée à partir d’une érudition hors du commun. Dès 1993, Martin Schärer, alors Président du comité, lui propose de coordonner le projet de rédaction d’un thésaurus de muséologie, auquel il s’attelle avec enthousiasme, publiant plusieurs articles à ce sujet. C’est toujours dans ce contexte, mais aussi – déjà – dans le cadre du processus de révision de la définition du musée par l’ICOM, qu’il co-édite Vers une redéfinition du musée ? (2007, traduit en anglais, en espagnol et en letton), puis les Concepts clés de la muséologie (2010, traduit en une douzaine de langues) ainsi que le Dictionnaire encyclopédique de muséologie (2011, traduit en polonais et en japonais).

Si la qualité de ses écrits constitue un élément majeur du patrimoine muséologique francophone contemporain, il importe de souligner l’importance de son engagement dans le domaine de la transmission. Enseignant à l’Ecole du Louvre, conférencier invité dans de nombreux pays, il a d’emblée mis son énergie au service des autres, participant activement aux comités de rédaction de plusieurs revues, comme les ICOFOM Study Series, ou Culture & Musés. Son ouverture et sa générosité auprès des plus jeunes générations étaient extraordinaires. Les muséologues d’ICOFOM et tous ceux qui ont eu la chance de le côtoyer peuvent témoigner de sa passion toujours renouvelée pour les projets muséaux les plus divers, de ses connaissances encyclopédiques, de son engagement au service des musées et de leurs professionnels, prêt à défendre toutes les causes qu’il pensait justes. Ils se souviendront longtemps de ses qualités humaines, illustrant par l’exemple ce qui peut être attendu d’un professionnel de musée au meilleur sens du terme, associant au savoir pratique la réflexion théorique au plus haut niveau, au service du champ muséal et de ceux qui l’animent.

François Mairesse, Juin 2024

Image obtenue auprès de Museó Check. museocheck.fr

 

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